Cela fait bien longtemps que les hommes ont les yeux rivés vers le ciel. Aujourd’hui, alors que les agences spatiales historiques continuent leur exploration de l’Univers, de nouveaux acteurs rejoignent l’épopée. Le Japon, l’Inde, la Corée, pour ne citer qu’eux, multiplient les prouesses afin de franchir le seuil terrestre. La Chine, de son côté, nourrit l’ambition de construire une station spatiale et redouble ses efforts en direction de la Lune. Parce que la gravité y est bien moindre que sur Terre, la Lune serait une base de lancement moins gourmande en carburant pour les fusées à destination de Mars.
Bien sûr, voir un homme fouler l’astre lunaire, ou, bientôt, le sol martien, fait frémir. Mais envoyer des hommes sur Mars est-il vraiment indispensable ? L’éventualité de telles missions oblige à réfléchir aux coûts de ces expéditions, aux conditions du retour, et aux risques encourus par ces futurs explorateurs. Plusieurs robots, machines prodigieuses, se promènent déjà sur la planète rouge. Dans un contexte économique difficile qui s’accompagne d’une diminution du financement de la recherche fondamentale, peut-être représentent-ils pour l’instant la meilleure solution, quand bien même l’homme pourrait être plus efficace pour sonder le sol martien et collecter les micro-organismes qui nous aideraient à mieux comprendre nos propres origines.
La vie sur Terre a émergé de l’eau il y a quelque 3,8 milliards d’années. Nous avons donc commencé par chercher des traces d’eau ailleurs, au plus proche de nous, dans notre Système solaire. Nous savons aujourd’hui que l’eau coulait à flots sur Mars dans son lointain passé. On a découvert à sa surface des lits de fleuves desséchés et des sédiments d’anciens lacs et océans. Sur Europe, l’une des plus grosses lunes de Jupiter, des effets de marées chauffant l’intérieur de ce satellite laissent penser qu’un océan liquide se cache sous une couche épaisse de glace. Une présence qui semble confirmée par la récente découverte de geysers d’eau, que l’on retrouve également sur Encelade, l’une des lunes de Saturne. Ces lieux hébergent-ils la vie ? N’oublions pas Titan, la plus grande lune de Saturne, et la seule dans le Système solaire à avoir une atmosphère épaisse, composée en partie de méthane et d’éthane. Titan est comme une sorte de Terre primitive, mais à une température beaucoup plus basse. Peut-être y découvrirons-nous de la vie microbienne ? L’étude des 3 500 planètes extrasolaires recensées nous permettra d’aller encore plus loin dans les recherches de vie extraterrestre.
Si l’eau constitue bien une condition suffisante à l’apparition de la vie, elle n’en est peut-être pas une condition nécessaire. Il existe des centaines de milliards de galaxies dans l’Univers observable. Chacune d’elle compte plusieurs centaines de milliards de soleils. En imaginant dix planètes par soleil, il existerait donc des centaines de milliers de milliards de milliards de planètes. Il serait donc bien étonnant que nous soyons les seuls dans l’Univers.
Sans doute, d’autres formes de vie intelligentes existent. Encore faudrait-il qu’elles aient eu la sagesse de se préserver. Sagesse qu’il serait temps de faire nôtre. Si nous continuons sur cette lancée, la vie n’existera plus sur Terre dans quelques centaines d’années. Peut-être ce destin s’est-il déjà produit ailleurs… Nous sommes des poussières d’étoiles. Une connexion cosmique relie l’homme à l’Univers. La cosmologie moderne nous montre que les lois physiques régulent les phénomènes avec une extraordinaire harmonie. Mais la mélodie n’est pas composée une fois pour toute. Elle s’élabore au fur et à mesure. Ces lois donnent seulement la trame, comme la trame d’une musique d’un joueur de jazz. Au lieu de suivre une partition de musique classique où chaque note a sa place et ne peut être changée ou supprimée sans que soit détruit l’équilibre délicat du morceau, la nature joue plutôt du jazz.
L’espace constitue la dernière frontière. L’Univers conservera toujours une part de mystère pour le cosmologiste que je suis. Au prix de prodigieux efforts d’imagination et de créativité, des hommes de génie se rapprocheront toujours plus de la réalité ultime, mais ils ne pourront jamais l’atteindre totalement. La contemplation de l’harmonie cachée de l’Univers, sa « mélodie secrète », nous offre le recul nécessaire pour apprécier combien notre belle planète bleue, recouverte aux trois quarts par les océans, est spéciale, et hospitalière. L’humanité ne s’est pas développée ici par hasard. Cette perspective cosmique et planétaire nous fait prendre conscience non seulement de notre interdépendance, mais aussi de la vulnérabilité de notre planète. Il nous incombe de la préserver.
200 pages
Broché – Bandeau poster
ISBN : 978-2-9551448-3-1
19 €
Version numérique
9 €
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Au sommaire
Entretien avec Hubert Reeves, la conquête spatiale, le mystère des trous noirs, Pierre Léna et les télescopes spatiaux, la recherche des exoplanètes, Francis Rocard, Isabelle Autissier : de la course en solitaire à WWF, rencontre avec Raymond Depardon, les peuples du Sahara, la forêt sous-marine du capitaine Némo, Christophe Galfard, le « rêve » aborigène, les secrets du Big-bang, Alain Mabanckou, Helene Schmitz, Théophile Gautier…
Aurélien Barrau, astrophysicien
Si l’instant précis de l’origine de l’Univers, connu sous le nom de Big Bang, n’est toujours pas compréhensible par la science actuelle, il semble permis de s’en approcher vraiment très près. Que trouve-t-on alors moins d’un milliardième de seconde après la création de tout ? Rien de moins que les premières galaxies. Et la lumière fut !
Françoise Combes, astrophysicienne, professeur au Collège de France
Il est déjà difficile de se figurer l’immensité du Système solaire. Et pourtant, le Soleil n’est qu’une étoile parmi une immensité. D’autres soleils brillent dans d’autres galaxies, dont les étreintes et les jeux de l’amour donnent le vertige.
Anne-Marie Lagrange, astrophysicienne
Du jour où l’humain a tourné sérieusement les yeux vers les étoiles, il a commencé à nourrir le fantasme de l’existence d’une vie extraterrestre. Seulement, pour que celle-ci soit envisageable, encore faudrait-il qu’un environnement lui soit propice. Depuis une bonne vingtaine d’années, les exoplanètes, ces cousines de la Terre gravitant autour d’étoiles autres que le Soleil, sont donc dans le viseur de la recherche en astronomie. Avec un succès retentissant. Pour aller toujours plus loin dans cette quête, l’Observatoire européen austral mettra en service, en 2025, le télescope le plus puissant du monde, l’European Extremely Large Telescope (E-ELT), doté d’un miroir primaire d’un diamètre de 39 mètres.